Quand le cerveau se tourne vers lui-même

Édouard Thomas



Je suis une boucle étrange

D HOFSTADTER
Dunod
2013
564 pages
11.9 €

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Qu’est-ce qu’une âme ? Qui en possède une ?
Sans résoudre toutes les questions philosophiques autour de la vie et de la mort, Hofstadter apporte des réponses inédites, cohérentes et parfois provocantes. Par exemple, l’âme humaine (ce qu’il appelle le « Je ») se forge au fil des années de notre développement de la personne, et ne saurait se trouver dans nos neurones, cellules grises et autres entités microscopiques dans nos cerveaux. Non, le « Je » résulte de notre capacité à réfléchir sur nous-mêmes : ce phénomène de bouclage (ou « boucle étrange »), présent dans tout cerveau humain (enfant, adolescent ou adulte), possède une structure qui donne naissance au sentiment d’être soi. Cela fait dire à l’auteur que « nous sommes tous des boucles étranges ».
Comment ce professeur de sciences cognitives en est-il arrivé à de telles conclusions ? En examinant la démonstration du théorème d’incomplétude de Gödel (selon lequel tout système suffisamment puissant pour parler de lui-même contient nécessairement des phrases vraies qui ne peuvent être démontrées à l’intérieur de ce système) ! Au coeur de l’argument du logicien autrichien se trouve en effet l’autoréférence (une boucle étrange particulière). Filant cette idée, Hofstadter avance que notre répertoire extensible de symboles (personnes, objets, concepts…) donne à notre cerveau le pouvoir de se tourner vers lui-même et de s’engloutir via une boucle étrange. En effet, le soi n’est qu’un concept (certes complexe) parmi d’autres. Nos « Je » et nos consciences ne seraient que des illusions qui sont les sous-produits directs des boucles étranges, elles-mêmes conséquences de cerveaux (dotés de symboles) guidant les corps à travers les embûches de la vie. Mieux : notre cerveau est habité par d’autres « Je » (ceux de ses parents, de sa famille, de ses connaissances…, le degré de chacun dépendant de notre représentation de ces personnes). Plus deux esprits sont émotionnellement proches, et plus ces (répliques de) « Je » sont fidèles.



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