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Le rhume-qui-rend-encore-plus-bête

Kylie Ravera




L'Institut intergalactique est le temple de l'excellence, où exerce le redouté professeur Phi. Une épidémie sévit sur le campus et oblige élèves et enseignants à des mesures sanitaires strictes.

Le professeur Phi promène un regard courroucé sur sa classe. Ce n’est pas inhabituel en soi, l’enseignant le plus célèbre de l’Institut intergalactique tenant pour acquis l’existence de raisons immuables de se montrer insatisfait de ses étudiants. La nouveauté de la situation réside plutôt dans le fait que le regard soit adressé à travers la vitre d’un scaphandre hermétique, ce qui a pour effet d’en atténuer quelque peu la portée. D’autant que les étudiants sont eux-mêmes munis de scaphandres identiques, censés les protéger du dernier virus qui fait des ravages sur le campus – celui du rhume-qui-rend-encore-plus-bête, une version plus corsée du rhume-qui-rend-très-très-bête. Contrairement à ce dernier, pour lequel un vaccin a été mis au point assez facilement, la solution se fait désirer.

 

 

« Le professeur Phi est attendu en urgence par le directeur de l’Institut dans son bureau » résonne une voix synthétique.

Le professeur quitte sa classe en maugréant sur les gouttes d’eau qui font déborder les vases et sur les scaphandres qui grattent à la base du cou, autant d’informations qui n’échappent pas à ses élèves puisqu’il a omis de couper son micro. Les jeunes gens peuvent ainsi prendre connaissance de la discussion qui a lieu entre le directeur de l’Institut, leur enseignant, et le responsable du Laboratoire intergalactique de virologie. Ce dernier explique la raison de sa venue : « Nous allons recevoir dans la journée dix-huit vaccins candidats, et nous souhaiterions déterminer lequel est le plus efficace le plus rapidement possible. Nous avons pour cela à notre disposition huit simulateurs qui permettent de comparer les vaccins deux à deux pour trouver lequel est le plus performant. Mais chaque procédure prenant une semaine, nous voudrions optimiser le processus global pour lancer rapidement la production massive du meilleur vaccin. Professeur Phi, auriez-vous une solution à nous proposer ? Chaque laboratoire nous a livré un premier lot d’une dizaine de vaccins, nous pouvons donc tester en parallèle plusieurs d’entre eux. »

C’est à ce moment que le professeur se rend compte qu’il a oublié de couper son micro et qu’il y remédie. Dans la classe, Bêta hausse les épaules et s’adresse à sa voisine Epsilon : « Je ne comprends pas pourquoi on fait appel à l’expertise de Phi pour résoudre ce problème, cela me paraît assez simple : il suffit de commencer par comparer seize vaccins deux à deux dans les huit simulateurs. On garde les meilleurs à chaque fois, il nous en reste alors dix en course. On relance cinq tests à l’issue desquels il ne restera plus que cinq candidats. On en compare alors quatre, il reste les deux meilleurs et celui qu’on n’a pas testé. Deux tests de plus, que l’on peut lancer en parallèle, permettent de comparer les trois derniers, et on a la réponse.

– Tout cela prendrait quatre semaines, réplique Epsilon. On peut en gagner une à mon avis. »

Et vous, chers lecteurs, voyez-vous comment améliorer ce résultat pour déterminer en trois semaines, au moyen des huit simulateurs, quel est le meilleur des dix-huit vaccins ?

 

Augmenter les moyens et gagner du temps

 

Une fausse manipulation du professeur Phi, qui cherche à se gratter la base du cou, réactive son micro et les élèves peuvent prendre connaissance de la suite de la conversation : « Trois semaines, c’est déjà pas mal, lance le directeur de l’Institut de virologie, mais pourrions-nous améliorer encore ce résultat en augmentant le nombre de simulateurs ? Nous pourrions nous en procurer une dizaine de plus éventuellement… »

Chers lecteurs, combien de simulateurs faudrait-il pour obtenir le résultat en une semaine ? En deux semaines ?

 

 

SOLUTION