Le bien-être d'une population est-il la somme des indices de satisfaction des individus la constituant ? C'est loin d'être sûr, et ce d'autant plus qu'il n'est pas évident de mesurer, de comparer et d'agréger des utilités individuelles. L'Italien Vilfredo Pareto a proposé une approche originale.

Peut-on objectiver une théorie du bien-être tant au niveau individuel qu’au niveau collectif ? La question est loin d’être évidente, car le passage du ressenti subjectif à sa représentation quantifiée et à son agrégation ne peut se faire sans une série d’hypothèses dont il convient de discuter le caractère arbitraire. Dans un sketch écrit pour Pierre Palmade, l’acteur Gérard Darmon emprunte le chemin de l’humour pour nous faire sentir le côté délicat de la quantification de satisfaction, quand il nous demande : « Tu préfères être poilu comme un gorille ou avoir les yeux sur les côtés comme un poisson ? » Comparer et hiérarchiser deux situations n’a donc rien de simple quand il est question de bien-être. Et le passage de l’individuel au collectif est plus que problématique.

On sait aujourd’hui que des préférences individuelles objectives ne sont pas susceptibles d’être agrégées sous des conditions raisonnables (voir Théorie des jeux, Bibliothèque Tangente 46, 2013). C’est l’objet du fameux paradoxe de Condorcet, mathématisé par le théorème d’impossibilité d’Arrow, démontré par Kenneth Joseph Arrow (1921–2017) en 1951 dans sa thèse.

Alors, dans quelle mesure peut-on envisager l’optimisation du bien-être, tant individuel que collectif ? Le problème est d’autant plus complexe que toute tentative de modélisation ne sera pas exempte ... Lire la suite


références

Mathématiques et politique. Bibliothèque Tangente 45, 2012.
Les mathématiques de l'impossible. Bibliothèque Tangente 49, 2013.