Vaughan Jones, le magicien des nœuds


Fabien Aoustin et Élisabeth Busser

Le mathématicien Vaughan Jones, décédé le 6 septembre 2020, a profondément marqué plusieurs domaines des mathématiques comme la topologie et l'analyse fonctionnelle, mais aussi de la physique, en particulier la théorie quantique. Son nom reste attaché à de puissants invariants en théorie des nœuds.

Né en 1952 en Nouvelle-Zélande, diplômé de l’université d’Auckland en 1973, passé par l’École de physique de Genève (Suisse) entre 1974 et 1980, Vaughan Jones poursuit sa carrière dans plusieurs universités des États-Unis. Titulaire de nombreuses récompenses du monde mathématique, en particulier de la médaille Fields en 1990, il est devenu un spécialiste mondial de la théorie des nœuds, très agréable à côtoyer, dont la mathématicienne américaine Joan Birman, autre experte mondiale dans ce domaine, vantera « l’ouverture d’esprit et la générosité, dans la meilleure tradition et l’esprit des mathématiques ».

 

Des ronds de fumée et des moutons

Avant de se lancer en mathématiques, Vaughan Jones a d’abord étudié la physique (à Genève) et ses travaux vont marquer la physique mathématique. L’étude des nœuds, si chère au mathématicien néozélandais, a été initiée par les physiciens du XIXe siècle, comme Peter Guthrie Tait (1831−1901), qui étudiait ces configurations topologiques à partir des ronds de fumée, redécouvrant les travaux de Carl Friedrich Gauss (1777−1855) et de son élève Johann Benedict Listing (1808−1882). Les physiciens ont ensuite découvert les anyons, ces particules qui n’existent qu’en dimension 2, intermédiaires entre les bosons et les fermions. Dans le cas de plusieurs anyons, leurs chemins s’entrecroisent comme les brins d’une ... Lire la suite


références

 Dossier « Les nœuds». Tangente 90, 2003.
 La magie des invariants mathématiques. Bibliothèque Tangente 47, 2013.
 Nœuds, genèse d'une théorie mathématique. Alexei Sossinsky, Le Seuil, 1999.
 La science des nœuds. Dossier Pour La Science 15, 1997.