Un rôle dans la déchéance de Napoléon


Jean Dhombres

Laplace savant, mais aussi Laplace politique : le 31 mars 1814, Paris capitule devant l’arrivée des coalisés à ses portes. Promu aux plus grands honneurs par l’empereur, Laplace tergiverse à signer la déchéance de ce dernier. Suivons ses états d’âme.

Le « conservatisme » de Laplace en ce qui concernerait la stabilité du système solaire est bien établi, tout comme est connue son opinion conservatrice à la chambre des pairs lors de la venue à Paris de Louis XVIII, chambre où le mathématicien siège depuis juin 1814. La grande majorité des membres du Sénat conservateur, y compris le géomètre Gaspard Monge (1746‒1818), passa d’ailleurs à la chambre des pairs.

Chancelier, Laplace se trouve dans une situation délicate lorsque ce corps politique vote la déchéance de Napoléon et annule officiellement tous les serments de fidélité à l’empereur. Sont votés plusieurs articles un certain 2 avril 1814 :

« Article 2. Le peuple français et l’armée sont déliés du serment de fidélité envers Napoléon Bonaparte. »

Laplace n’est alors pas présent. Essayons d’entrer dans le détail de cette destitution, qui certes constitue une trahison pour les exaltés ‒ il en reste ‒ de l’Empire ; il s’agit d’un acte mûrement et constitutionnellement réfléchi dans le sens de la stabilité des institutions. Tel peut essentiellement se décrire le rôle politique de Laplace à l’occasion de ce fait mineur, mais symptomatique.

 

Laplace arborant la plaque de Grand-Croix de la Légion d'honneur.

 

La ... Lire la suite