Quelques années avant le début de la Révolution, Condorcet est le premier auteur français à développer un plaidoyer en faveur du droit de vote des femmes dans ses Lettres d’un bourgeois de New-Haven (1787).

 Au cours de la Révolution, il est l’une des rares figures masculines à s’engager publiquement en faveur de l’égalité politique entre les sexes, en publiant Sur l’admission des femmes au droit de cité (1790).

Cette ouverture de la citoyenneté aux femmes repose sur l’inscription des droits politiques au sein du système des droits naturels. La femme étant un « être sensible, capable de raisonner et d’avoir des idées morales » au même titre que l’homme, son exclusion supposerait que l’on puisse « montrer qu’elle n’est pas capable de les [les droits politiques] exercer ». C’est cette affirmation que Condorcet s’attache à réfuter. Pour cela, il rejette d’abord l’argument consistant à reléguer les femmes dans la sphère privée, soutenant que l’espace privé et l’espace public ne sont pas antinomiques, car l’honnêteté privée et l’engagement civique se nourrissent l’un l’autre. Il écarte ensuite les arguments relatifs à la condition physique ou intellectuelle des femmes.

À ses yeux, une connaissance adéquate de la nature commune entre l’homme et la femme, au-delà des artifices produits par la société, permet de comprendre qu’aucune différence sociale ou naturelle entre les sexes ne justifie l’exclusion des femmes des droits politiques.