Compter en chinois


Bertrand Hauchecorne, Antoine Houlou-Garcia, François Lavallou

La numération chinoise remonte aux débuts de l’écriture de la langue chinoise, soit vers le IIIe millénaire avant J.-C.

Le chinois est sans doute l’une des langues où, apprendre à compter, est le plus facile car la numération est strictement décimale. Voici la prononciation des nombres en mandarin :

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

ling

yi

er

san

si

wu

liu

qi

ba

jiu

shi

 

Les nombres jusqu’à 99 s’obtiennent en utilisant ces dix mots. Par exemple, 20 se dit er shi , c’est-à-dire « deux-dix » et 69 se dit liu shi jiu soit « six-dix-neuf ». Pour dépasser 100, il suffit de connaître les mots suivants :

10 2

10 3

10 4

10 8

10 12

10 16

bai

qian

wan

yi

zhao

jing

 

Vous pouvez ainsi donner 6918 : liu qian jiu bai shi ba

Pour la suite, les Chinois ne séparent pas les nombres comme nous par puissance de 3 mais par puissance de 4. Ils ont donc besoin d’un mot pour chaque 10  4 n et 345 6918 se dit 345 × 10  4 + 6918 soit san bai si shi wi wan liu qian jiu bai shi ba . B. H.

 

Deux numérations contemporaines

De nos jours, deux manières d’écrire les nombres existent : la numération « petite écriture » (xiaoxie ), qui est relativement simple et est utilisée au quotidien, ainsi que la numération « grande écriture » (daxie ), dont la complexité la rend moins falsifiable, d’où son usage pour les opérations financières (par exemple sur les chèques, tout comme nous qui écrivons les montants en toutes lettres). Cette dernière a été mise au point sous l’impératrice Wu Zetian (règne : 690-705) puis retravaillée sous Hongwu (règne : 1368-1398). Voici donc comment s’écrivent selon ces deux traditions les nombres dont la prononciation a été vue précédemment : 

  

La numération savante

Les mathématiciens de langue chinoise représentaient de façon concrète les nombres par des baguettes en bambou (un peu comme les cailloux de l’Antiquité grecque (psephoi) ou romaine (calculi)). On a alternativement des baguettes verticales et horizontales pour éviter toute ambiguïté sur la position, deux paquets successifs de baguettes parallèles indiquant un espace vide (en fait, un nombre impair de « zéros », si l’on peut dire !). Cette notation, dite « des baguettes de calcul » (suanchou) est attestée dès le Ier siècle avant J.-C (et existait probablement dès le IIIsiècle) soit environ mille ans avant les premières traces que l’on possède de la numération indienne !

 

Baguettes de calcul, Musée folklorique national de Corée.

 

Ce système a naturellement évolué, pour des raisons pratiques, vers un système de perles, ancêtre du boulier. Néanmoins, si les baguettes ont disparu, la notation écrite sous forme de baguettes de calcul se retrouve dans les textes chinois. 

 

 

Par exemple, le nombre 1906 s’écrit

où un vide est laissé pour indiquer le fait qu’il n’y a pas de dizaines. F. L. 

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