Christian de Montlibert :
« La sociologie est une science ! »


Bertrand Hauchecorne

Professeur émérite à l'université Marc-Bloch de Strasbourg, Christian de Montlibert est un fervent partisan de l'utilisation de méthodes statistiques en sociologie. Il insiste sur l'importance pour la sociologie de s'adosser à des méthodes mathématiques.

De quand datez-vous les premières utilisations de mathématiques en sociologie ? Quel fut le rôle d'Émile Durkheim ? 

 

 

L'utilisation des statistiques en sociologie date incontestablement de l'étude sur le suicide faite par Émile Durkheim en 1897 et publiée la même année chez Félix Alcan. Durkheim a été l'élève de Fustel de Coulanges, qui avait ce que l'on peut appeler une « formation pré sociologique ». Il a été influencé par Auguste Comte. À l'École normale supérieure, Durkheim est le compagnon de chambrée de Jean Jaurès, dont on connaît l'action politique, mais aussi l'Histoire socialiste de la Révolution française, dont il a assuré la direction (Jules Rouff et Compagnie, 1904). À cette époque se diffusaient en outre les idées socialistes et l'interprétation de l'œuvre de Karl Marx.

 

 

Dans son étude du suicide, il réfute les thèses du sens commun en s'appuyant sur des séries de chiffres et des tableaux statistiques. Cette expérience est cruciale : Durkheim montre que cet acte – individuel par excellence, qui semble relever de la seule psychologie – obéit à des régularités sociales. Il construit des comparaisons pour ... Lire la suite


références

• Dossier « Les mathématiques au service de l'histoire ». Tangente 145, 2012.
• Dossier « Mathématiques et psychologie ». Tangente 159, 2014.
• Dossier « Les tests sous tous les angles ». Tangente 165, 2015.