Lorsqu’il expose l’allégorie de la caverne au livre VII de la République, Platon décrit des prisonniers enfermés dans une grotte, contraints de regarder les ombres monstrueusement déformées, projetées sur la paroi du fond, d’objets et de corps situés derrière eux et qu’ils ne voient pas directement.
Vers 1490, Léonard de Vinci dessine dans le Codex Atlanticus un contour étrange, où l’on discerne après examen attentif une tête d’enfant démesurément étirée.
Enfin, sur certains cadrans solaires, on observe de curieuses courbes, que le géomètre identifie comme des arcs de coniques (dans le cas de la figure ci-dessous, des branches d’hyperboles), c’est-à-dire les courbes obtenues par intersection d’un cône de révolution avec un plan.
Entre Platon, Léonard et le cadran, le rapport ne semble pas évident au premier regard ; il s’agit pourtant, dans les trois cas, d’une anamorphose, un genre particulier de perspective.
Une aberration magistrale
« Ana-morphose » : le terme est forgé par le jésuite Gaspard Schott au XVIIe siècle, à partir du grec ana (« qui fait retour vers ») et de morphé (« la forme »). Il signale que l’on perd, puis que l’on retrouve une certaine apparence. De quoi s’agit-il exactement ?
Dans la perspective ...
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