L'anagyre


Un objet qui ne tourne pas rond

Alain Zalmanski

Parmi les objets insolites, qui suscitent à la fois émerveillement et curiosité scientifique, rares sont ceux qui étonnent plus que l'anagyre. Cet objet possède en effet la propriété, lorsqu'on le fait tourner, d'inverser « de lui-même » son sens de rotation.

Certains jouets possèdent cette qualité d’inverser, en apparence, le sens de leur mouvement de départ. Ils constituent de ce fait des objets mathématiques merveilleux… et analysables (non sans difficultés toutefois) : le yoyo, qui remonte le long de sa cordelette après être descendu ; le boomerang, qui revient vers vous quand on sait le lancer ; la toupie basculante ou tippe-top (voir Tangente 182, 2018), qui « bascule inexplicablement » lors de la rotation ; le cerceau (ou le hula hoop), qui, lancé au loin avec un mouvement de rotation arrière, revient vers l’envoyeur.

Mais aucun de ces jouets ne possède un comportement aussi contre-intuitif que l’anagyre. C’est le physicien Arthur Dearth Moore (1895–1989) qui lui a donné son nom « officiel » (du grec ana, « retour », « reprise », « en arrière », et de gyro, « cercle », « rotation »). On le trouve également sous diverses appellations, comme pierre rebelle, pierre celtique ou pierre oscillante, barre tournoyante, tourbillon bizarre, rattleback (en anglais) ou encore keltisches Wackelholz (« le bois oscillant celtique ») en allemand.

Trois conditions à réunir

Ce sont des archéologues irlandais qui auraient (re)découvert par hasard les propriétés de l’anagyre en observant le mouvement inhabituel d’une pierre de ... Lire la suite


références

 L'anagyre, un objet curieux… Lanouar Lazrag et Alexei Tsygvintsev, Images des mathématiques, 2009, disponible en ligne.
 Les casse-tête de Jean-Paul Bellorget. Christian Girard, L'Illusionniste 360, 2006, et L'Illusionniste 362, 2006.
 L'anagyre. Janick Simeray, Pour la Science 255, janvier 1999.
 Expériences d'amateur. Jearl Walker, Pour la Science 26, décembre 1979.