Archives Grothendieck : un trésor énigmatique


Élisabeth Busser

Cent mille pages d'archives, ça n'est pas rien ! C'est le volume de l'héritage laissé par Alexandre Grothendieck, qui s'était retiré du monde en 1991 dans un village isolé de l'Ariège, département où il est décédé en 2014.

Toutes ces lignes, tapées à la machine ou écrites à la main bien souvent au dos d’autres papiers ou d’anciens listings d’ordinateur, sont souvent difficiles à déchiffrer. Les papiers les contenant ont été ordonnés par leur auteur et soigneusement archivés dans des boîtes aux dimensions très strictes.

Ils sont actuellement séparés en deux fonds. L’un est à l’institut montpelliérain Alexandre-Grothendieck (Imag), qui en a récemment numérisé et rendu accessibles sur Internet dix-huit mille pages. L’autre, de soixante-dix mille pages environ, découvertes dans la maison du mathématicien après son décès mais contenant sans doute peu de contenus mathématiques, est entreposé dans une cave à Paris.

La partie numérisée avec soin par l’Imag nous ouvre à la pensée du génial mathématicien, grâce à des travaux effectués de 1949 à 1991, souvent annotés de remarques personnelles où perce la méfiance de leur auteur vis-à-vis de la justice ou du monde scientifique. En plus du travail de classement des archivistes, la participation du mathématicien Jean Malgoire, de l’université de Montpellier, a été essentielle pour dégager les grands thèmes mathématiques traités, comme par exemple « Cristaux » entre 1958 et 1971, « Théorie des motifs » de 1958 à 1973, « Éléments de géométrie algébrique » de 1960 à 1992, ou encore « Espaces stratifiés » de 1981 à 1990.