Le fondateur du libre examen


Daniel Justens

« La liberté est pour la science ce que l'air est pour l'animal ; privée de liberté, elle meurt d'asphyxie comme un oiseau privé d'oxygène.»

En 1909, l’Université libre de Bruxelles fête son 75e anniversaire. De grandes festivités sont organisées en Belgique ; les plus grands scientifiques y présentent leurs travaux. Un nom se démarque par une démarche originale. Poincaré introduit en effet son exposé en avertissant : « Je ne pouvais, comme d’autres le font, vous entretenir de mes études quotidiennes : elles sont un peu, comment dirais-je ? ésotériques, et bien des auditeurs aiment mieux les révérer de loin que de près. » Mais alors, de quoi le grand mathématicien entendait-il entretenir son auditoire ? De liberté ! Car « la liberté est pour la science ce que l’air est pour l’animal ; privée de liberté, elle meurt d’asphyxie comme un oiseau privé d’oxygène. Et cette liberté doit être sans limite, parce que, si on voulait lui en imposer, on n’aurait qu’une demi-science, et qu’une demi-science, ce n’est plus la science […]. La pensée ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni à un intérêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n’est aux faits eux-mêmes, parce que, pour elle, se soumettre, ce serait cesser d’être ». Les principes du libre examen, base de toute démarche scientifique, étaient énoncés !