Lorsqu’on évoque le nombre d’or, ses supposées vertus esthétiques viennent immédiatement à l’esprit. Comment un simple nombre, certes pétri de propriétés mathématiques (voir article « Des propriétés mathématiques remarquables »), peut-il jouir d’une telle place dans l’imaginaire collectif ? Il a été défini géométriquement comme divisant un segment en moyenne et extrême raison, mais cela ne nous semble pas justifier son statut de « divine proportion » régissant les lois de l’esthétique. Dans son ouvrage Le Nombre d’or, radiographie d’un mythe, paru au Seuil en 1995, Marguerite Neveux et Herbert Huntley tentent de retracer le parcours de cette mystification, d’Euclide à Matila Ghyka.
La quête de φ dans la peinture
Le nombre d’or était déjà connu par Pythagore, Platon et Euclide. Il réapparaît dans le texte de Luca Pacioli, qui le qualifie de « divine proportion » dans son ouvrage De divina proportione ; pour lui, cette proportion évoque Dieu et non le beau. Le mythe du nombre d’or comme proportion idéale a surtout été véhiculé par les écrits du philosophe Adolf Zeising et surtout ceux de Matila Ghyka, qui relate cette prétendue chaîne de transmission de la « section dorée » (voir article « Un rêve d'architecte ? »). Pour justifier ...
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