Benoît Mandelbrot, père de la géométrie fractale.
Société jurassienne d'émulation
2013
192 pages
23 €
La Gazette des Mathématiciens, revue de la Société mathématique de France, a publié un numéro exceptionnel en couleurs en hommage à Benoît Mandelbrot, mathématicien franco-américain décédé à 85 ans en octobre 2010 (voir Tangente 138).
Cet ouvrage est une compilation de treize regards portés par des collaborateurs et collègues sur le père de la géométrie fractale et son oeuvre. Il est complété par un texte autobiographique de Mandelbrot, dans lequel il se présente comme un individu volontairement non conventionnel, considérant qu’une bonne pincée de diversité est tout aussi indispensable au bon fonctionnement et à la survie de la science qu’au bien-être de la société dans son ensemble. Ses choix de carrière lui vaudront des relations ambiguës avec la communauté mathématique élitiste : « L’École normale supérieure ne convenait absolument pas à une personne comme moi, très attachée à ses goûts. Après deux jours, […] je quittai l’ENS pour l’École polytechnique. Ce changement fut critiqué et un grand nombre d’amis potentiels le trouvèrent incompréhensible et ne le pardonnèrent jamais. »
L’ensemble des textes, dont les auteurs sont mathématiciens, physiciens, chimistes ou économistes, complète cette description d’un créateur dont la formation d’ingénieur l’amène à préférer le rugueux au lisse, et à s’intéresser aux applications de ses théories. La plupart des articles comprennent une partie technique, mais sans développement mathématique superfétatoire. L’universalité des formes fractales dans la nature est illustrée par l’introduction des fractales dans la catalyse, la turbulence, l’art, le mouvement brownien fractionnaire et la modélisation des risques financiers. Regrettons simplement, au passage, une abondance de citations originales et le poncif, de plus en plus répandu en mathématiques, d’une caution artistique pour avoir une existence culturelle.