La maison des mathématiques
C VILLANI & JP UZAN & V MONGORGE
50
2014
144 pages
25 €
De magnifiques photos de mathématiciens dans des situations variées, de recherche ou de présentation des problèmes auxquels ils se sont attelés, c’est d’abord ce que l’on retiendra de ce « beau livre » paru au Cherche-Midi.
Cédric Villani a vraiment à cœur de mettre en avant l’Institut Henri-Poincaré (IHP), qu’il préside maintenant depuis 2009. La Maison des mathématiques est le dernier vecteur qu’il a imaginé dans ce dessein, un livre d’images superbes signées du photographe Vincent Moncorgé auquel Villani a « donné carte blanche », un livre introduit par deux textes forts. Dans le premier, Cédric Villani refait l’histoire de ce lieu créé en 1928 à l’initiative de deux grands mathématiciens, le Français Émile Borel et l’Américain George David Birkhoff. Il raconte son relatif déclin après la Seconde Guerre mondiale en raison, essentiellement, d’une rivalité fratricide entre mathématiciens « purs » et « appliqués » et sa renaissance en 1994 grâce à l’activisme de Michel Demazure. Il insiste alors sur l’importance pour la communauté des mathématiciens (et des physiciens théoriciens) de disposer d’un tel lieu d’échange scientifique, mais aussi de représentation auprès des institutions pour mettre en avant la beauté tout autant que l’efficacité de leur discipline.
Le second texte est dû au physicien Jean-Philippe Uzan, directeur adjoint de l’IHP, qui détaille les relations étroites qui existent entre physique et mathématiques, et explique comment les physiciens travaillent pour les mettre en évidence. Derrière ses mots, on perçoit son admiration pour la magie d’une discipline qui révèle les propriétés de l’univers, mais on prend aussi conscience que cette relation est à double sens, qu’elle joue un rôle dans les progrès des mathématiques.
Le reste est un recueil de courts témoignages écrits par divers mathématiciens autour d’une de leurs expériences à l’IHP. Soyons honnêtes, ces textes souvent plats n’apportent pas grand-chose, en dehors celui de François Apéry, qui présente les « modèles » visibles à la bibliothèque de l’IHP, ces moulages en plâtre fabriqués au milieu du xixe siècle pour aider les élèves de l’École polytechnique à « saisir les subtilités de la géométrie par le toucher et la visualisation », modèles qui font l’objet des dernières photos de l’ouvrage.
On retiendra donc surtout la force des images, avec un petit regret : l’absence totale de légendes associées à ces photos saisissantes qui immortalisent des mathématiciens passés par l’IHP ces quatre dernières années, pris sur le vif dans toutes les positions, de la plus classique à la plus inattendue.