Aux sources de la parole
Pierre-Yves Oudeyer
Odile Jacob
2013
230 pages
24 €
D’Arcy Thompson a été le premier à utiliser les mathématiques pour expliquer les sciences du vivant. La sélection naturelle, la forme des coquillages et autres organes pouvaient dès lors être mis en équation. Avec les ordinateurs et les algorithmes de simulation, le climat, la morphogenèse, l’autoreproduction et l’auto-organisation des structures furent mis en évidence par Fermi, Lorenz, Turing puis Von Neumann. C’est cet héritage que revendique Pierre-Yves Oudeyer qui, partant de la robotique, une nouvelle science n’existant que par l’informatique, cherche à modéliser les représentations cognitives du cerveau, et en particulier la parole et la création du langage par une communauté vivante autarcique.
Pierre-Yves Oudeyer, les lecteurs de Tangente l’ont rencontré dans le numéro 143 à l’occasion de l’exposition « Mathématiques, un dépaysement soudain », où il présentait le dispositif « Ergo-robots ». Ce chercheur dirige l’équipe « Flowers Fields » de l’INRIA qui a mis au point, en collaboration avec le Labri de l’université de Bordeaux, l’intelligence artificielle de ce modèle individuo-centré, physiquement et socialement situé.
Son livre revient sur les étapes de cette réalisation, tout d’abord l’étude de la structure de la parole et des langages ainsi que les principes de l’auto-organisation. À partir des différentes théories sur les origines de la parole, il justifie le modèle choisi pour l’auto-organisation de systèmes de vocalisation qui vont conduire ses robots à faire le lien entre des sons et des objets ou des réactions motrices jusqu’à créer un « vrai » langage et de sa syntaxe.
Outre la reconstitution d’une société humaine, l’expérimentation permet, en modifiant les algorithmes, de se rapprocher de la réalité, et par là-même de faire des progrès sur la connaissance de la construction du monde dans lequel on vit.