Sorel Eros
J. Perry-Salkow / F. Schmitter
Payot & Rivages
2020
80 pages
13 €
Georges Perec avait publié en 1969 son Grand Palindrome (Denoël) composé de cinq mille cinq cent soixante-six lettres (5 566 est égal à la multiplication palindromique 11 × 23 × 2 × 11). Comme annoncé depuis plus de quinze ans, Jacques Perry-Salkow et Frédéric Schmitter avaient battu, et de loin, ce record avec un palindrome de dix mille une lettres (10 001 = 73 × 137 est lui-même un palindrome), intitulé Sorel Éros, recueil qui était, depuis 2002, toujours cité comme « à paraitre ».
Ce record vient enfin d’être homologué par la parution d’un véritable joyau : une syntaxe parfaite au cours de trente-six chapitres, aux titres explicites comme « Le vice », « La vertu » ou « Désert sinistre », d’un récit cohérent, poétique et qui n’est pas une simple succession de palindromes. Les dix mille une lettres comprennent les titres des chapitres et les légendes des illustrations.
Les auteurs annoncent la couleur. Hors texte, ils signent : « Être bilatéral, ce duo fou déclare ta liberté » et donnent en exergue : « Le rose de ma lèvre serpente sur ces appâts écrus et ne préserve l’âme de Sorel. »
Il s’agit vraiment d’un nouvel art du palindrome, préfacé par Paul Fournel, qui donne acte aux auteurs de leur travail exceptionnel, fruit de vingt ans de créativité à quatre mains. Les clins d’œil sont nombreux : l’aventure de Sorel Éros se déroule entre le 20 02 2002, date de la rencontre entre les deux auteurs, et le 02 02 2020, date de la préface de Paul Fournel (ces deux dates sont palindromes, mais aussi anagrammes l’une de l’autre) ; 6 556 jours les séparent (un palindrome qui est aussi l’anagramme de 5 566)… Les amateurs apprécieront !