Comme son titre ne l’indique pas, ce nouveau livre de l’auteur du Dossier Pythagore (voir Tangente 139, 2011) a comme personnage principal non pas le sage de Samos mais le fameux théorème de l’hypoténuse. Dans une première partie, ce passionnant ouvrage pénètre les arcanes de la philologie pour insister sur les incertitudes liées à la transmission des savoirs avant l’imprimerie : les multiples traductions, copies, commentaires, les mauvaises conditions de conservation des supports écrits voire leur destruction, sans parler des traditions de transmission orale de l’Antiquité font qu’il est, de nos jours, très difficile de démêler la chronologie des découvertes.
La thèse défendue par l’auteur est la possible influence des mathématiques indiennes sur la secte pythagoricienne. En revenant sur les traces laissées dans l’histoire des mathématiques par les grandes civilisations antiques, il montre que le théorème de l’hypoténuse, ainsi que sa démonstration par les aires, étaient vraisemblablement déjà connus en Mésopotamie. Ce savoir aurait alors pu transiter par l’Inde avant d’être assimilé par les pythagoriciens en même temps qu’un certain nombre de pratiques et croyances religieuses. Le passage grec n’en demeure pas moins un point de rupture : c’est à ce moment-là que le théorème quitte le domaine de l’utilitaire pour rejoindre le monde des idées.
M.B.