Un dialogue entre le monde académique et le monde industriel


Mérouane Debbah

Le plus important n'est pas tant que le monde académique travaille sur des problèmes du monde industriel, mais qu'il existe un échange fluide et permanent qui permette de faire connaitre ses avancées.

Dans le monde académique, une grande partie du travail d’un chercheur est de trouver des financements et de transformer ces financements en connaissances, qui portent souvent sur la création de nouveaux outils et concepts mathématiques. C’est un travail exaltant que de voir cette transformation. La création de connaissances a une valeur intellectuelle et scientifique inestimable.

Dans le monde industriel, la recherche se pratique surtout dans le domaine de l’ingénierie des concepts mathématiques, avec un fort penchant vers les algorithmes et l’optimisation. Une grande partie du travail est de convertir la connaissance mathématique en opportunités technologiques. Ce n’est pas un travail facile, car il faut avoir une très bonne connaissance de l’arsenal mathématique existant (et non existant) ainsi que des évolutions technologiques avec leurs problèmes et opportunités.

Cela nécessite un dialogue permanent avec le monde académique alors que les langues sont très différentes. Dans un monde parfait, un cercle vertueux devrait partir du financement vers la connaissance, puis de la connaissance vers des ruptures technologiques qui vont refinancer la recherche vers de nouvelles connaissances. Même si cela ne fonctionne pas toujours de cette façon, un écosystème viable doit s’assurer que cet objectif finit par être atteint. Les grandes entreprises commencent à comprendre qu’elles ne peuvent pas survivre sur le long terme sans financer la recherche fondamentale dans le milieu académique.