Roger Apéry et l’irrationalité de zeta(3)


Daniel Lignon

D’origine grecque par son père, Roger Apéry (1916 −1994) passe son enfance à Lille (Nord) avant de venir à Paris en 1926 où la vie matérielle fut difficile, suite à la crise de 1929 et la perte par le père de son travail d’ingénieur. Pour échapper à cet environnement, il s’en remet à l’école républicaine et la réussite scolaire.

 

Étudiant solitaire et brillant, il intègre l’École normale supérieure de la rue d’Ulm et est reçu premier à l’agrégation de mathématiques en 1939. Mobilisé en septembre 1939, il est fait prisonnier de guerre en juin 1940 puis libéré, pour raison de santé, en août 1941.

 

 

Grâce à Élie Cartan, Apéry obtient un poste d’assistant à la Sorbonne. Anticlérical, il continue son activité politique, commencée en 1937 au sein du Parti radical de l’époque, et s’engage dans la Résistance, où il eut un rôle important. Sans concessions, ayant un fort caractère, il poursuivra son activité politique jusqu’à la fin des années 1960.

En mathématiques, après une thèse en géométrie algébrique et de nombreux travaux dans ce domaine, il glisse progressivement vers la théorie des nombres, n’ayant pas suivi la voie de la théorie des schémas introduite par Alexandre Grothendieck et le « bouleversement » qui s’ensuivit. Il est professeur à l’université de Caen (Calvados) de 1949 à sa retraite en 1986. Sa vision des mathématiques était individualiste et rebelle à toute orthodoxie. Il était constructiviste et considérait que le formalisme à la manière de Hilbert ne correspondait pas au travail du mathématicien. Dans les années ... Lire la suite gratuitement