On connaît bien le Cauchy spécialiste de l’analyse, beaucoup moins le Cauchy algébriste. La contribution de Cauchy à la théorie des groupes a été longtemps méconnue, alors même que ses travaux sur les structures algébriques ont eu une grande importance.

Remarquables d’élégance technique et d’originalité, les deux mémoires de Cauchy sur les permutations (voir article « Substituer pour compter ») sont fondateurs de la théorie des substitutions et, par suite, de la théorie des groupes. Cauchy s’intéresse aux permutations pour elles-mêmes, là où Waring, Vandermonde, Lagrange ou Ruffini avaient, eux, envisagé les permutations comme un simple outil pour la résolution des équations algébriques. En développant ses idées, Cauchy introduit ainsi les notions de groupe cyclique et de partition d’un groupe en classes selon un sous-groupe. Son travail reste cependant ignoré de ses contemporains, aux brillantes exceptions près d’Abel et de Galois qui sauront en tirer parti. Galois a lu les mémoires de Cauchy dans le Journal de l’École polytechnique, et y puise les définitions de permutation et de substitution.

 

Henri d’Artois, fils de Charles X, vers 1833,
à l’époque où Cauchy était son précepteur à Prague.

 

Des mathématiciens se groupent

En 1830, Cauchy, royaliste légitimiste, s’exile volontairement pour devenir le précepteur du fils de Charles X. Celui qui est l’un des plus prolifiques mathématiciens de l’histoire publie ... Lire la suite