« Sais-tu où se cache Bêta ? demande Epsilon à Alpha. Nous étions censés travailler ensemble sur le prochain devoir de mathémagie du professeur Phi mais j’ai comme l’impression qu’il fait tout pour éviter que nos chemins se croisent… »
Son camarade hausse les épaules. « Un drone du service postal lui a apporté un colis tout à l’heure, et je l’ai vu entrer dans une salle de classe vide, sans doute pour le déballer tranquillement. »
À cet instant, Epsilon n’a strictement rien à faire de la tranquillité de Bêta. Mais quand, accompagnée d’Alpha, elle surgit dans le repaire du jeune homme, elle reste interdite devant le spectacle qui s’offre à leurs yeux.
« Ho ko ka do bi ba de ko… psalmodie Bêta en sautillant devant un coffret en bois muni d’une étrange manivelle. Oh, vous êtes là ?
– Oui, et une explication ne serait pas de refus… »
Bêta ne se fait pas prier.
De mystérieux symboles gravés
« Mes parents ont retrouvé ce coffret dans le grenier de leur maison. Il appartenait à Papy Askilman, qui avait l’habitude de collectionner des vieilleries de l’époque de l’Ancienne Terre. Mais l’ouverture de la boîte est protégée par un cadenas vocal et je n’arrive pas à déchiffrer le code… »
Epsilon examine le mécanisme avec curiosité. Au-dessus du coffre, une suite de symboles est gravée :
« Tu penses que c’est le code qui permet d’ouvrir le coffre ? C’est pour le moins obscur, constate Alpha en se frottant le menton.
– Un tout petit peu moins si tu jettes un œil à cette feuille qui accompagnait le coffre, réplique Bêta. Je pense qu’elle permet de trouver la clé du code mais ce n’est pas évident… »
Les trois étudiants observent le feuillet qui contient un tableau de correspondance visiblement incomplet.
« On retrouve le même type de symboles que dans le code mais ils ne sont pas tous exactement pareils. Et je pense que la ligne du bas donne les syllabes qu’il faut prononcer dans l’ordre indiqué par le code.
– Hmm, lance Epsilon, en supposant que les symboles / représentent des séparateurs, on devrait s’en sortir avec un peu de logique… »
Et vous, cher lecteur, sauriez-vous compléter le tableau et déchiffrer le code ?
À peine Bêta a-t-il prononcé la bonne succession de syllabes que le coffret s’ouvre avec un cliquetis sec. À l’intérieur, un disque noir repose sur une platine surmontée d’un bras métallique que termine une aiguille. Une fois remontée la manivelle de l’antique phonographe et l’aiguille posée sur le sillon du disque de cire, une mélopée crachotante s’élève dans la salle de classe :
« Takatitakité tic-tac tic-tac… »