Le grand jour tant attendu par les fanatiques de la chose vidéoludique massivement multijoueurs est enfin arrivé : celui qui verra s’affronter, au cours d’un évènement interplanétaire retransmis jusqu’aux confins de l’univers connu, les meilleurs spécialistes de Global On-line Legendary Fight (GOLF), le célèbre jeu dont le but, loin de toute revendication d’originalité, est d’anéantir les pixels ennemis dans un foisonnement d’environnements virtuels afin de rester le dernier survivant. Les meilleurs joueurs de chaque planète se sont qualifiés au terme d’éliminatoires épiques, et Bêta, étudiant à l’Institut intergalactique, a obtenu sa place de haute lutte, au prix de nombreuses heures non consacrées à la révision de ses devoirs de mathématiques.
Quand la technologie s’emmêle
Les supporters de Bêta, dont Alpha et Epsilon font évidemment partie, se sont réunis dans un amphithéâtre pour encourager leur héros devant un écran géant qui doit retransmettre le combat en temps réel. Mais alors que la présentation des joueurs bat son plein et que les doigts ont commencé à plonger dans les pots de pop-corn, la retransmission cesse soudain. Les réseaux sociaux tachyoniques donnent une explication quelques secondes plus tard : le système de synchronisation vidéo intergalactique, bijou de sophistication technologique, vient de tomber en panne…
Quelques minutes plus tard, le communicateur d’Epsilon lui signale un appel de Bêta : « Epsi, il faut à tout prix que tu sauves mon jour de gloire ! Je suis avec la technicienne en charge du système de distribution vidéo et je lui ai promis que tu l’aiderais à tout remettre en marche… »
Le visage d’une femme à l’air passablement stressé apparaît sur l’écran holographique. « Le réseau de distribution repose sur six relais, explique-t-elle à toute allure à la jeune étudiante, et chaque module-relais est en charge de diagnostiquer l’état de santé d’un ou deux autres modules. Mais si ces relais tombent en panne, ils peuvent donner des indications erronées… Nous sommes certains qu’il y a au plus deux modules qui ne fonctionnent pas correctement, sinon, on ne recevrait plus aucune information. Mais du diable si je sais lequel ou lesquels je dois remplacer ! Tous les tester me prendrait un temps qui me coûterait mon job… »
Epsilon fronce les sourcils.
« Pouvez-vous m’envoyer les diagnostics remontés par les différents modules ? » demande-t-elle.
La technicienne lui fait parvenir les résultats sous la forme d’un tableau.
« Le relais 1 accuse le relais 5 d’être KO, donc l’un des deux au moins doit être en panne, fait logiquement remarquer Alpha après s’être penché lui aussi sur le sujet.
– Et le relais 2 indique que le relai 4 est KO, renchérit Epsilon. Ça veut aussi dire que l’un de ces deux modules ne fonctionne pas. Nous savons donc qu’il y a exactement deux relais à changer, puisqu’il ne peut y en avoir plus de défectueux.
– Oui, mais lesquels ? » gémit la technicienne.
Et vous, cher lecteur, sauriez-vous dénoncer les relais qui dysfonctionnent et doivent être changés ?
Quelques instants plus tard, à la satisfaction générale, une image s'affiche de nouveau sur les écrans. Les doigts replongent dans le pop-corn et tous peuvent ainsi assister, au bout de trois minutes de jeu, à l'explosion pixélique de Sarakonor Terminatus, l'éphémère avatar barbare de Bêta...