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Un barycentre pour le barista

Kylie Ravera

L’Institut intergalactique ne lésine pas sur le bien-être de ses étudiants, conscient qu’un environnement apaisant est un facteur indéniable de succès. Son directeur a ainsi donné son accord pour l’aménagement, au milieu des bâtiments scolaires, d’un vaste parc arboré équipé de bancs, de fontaines, de chênes centenaires et de capybaras volants. C’est sur l’un de ces bancs que la jeune Epsilon retrouve ses camarades Alpha et Bêta, dans une posture plutôt curieuse puisque ce dernier se tient debout sur la structure avec une paire de jumelles collée devant ses yeux.

« Tu as enfin réussi à observer un capybara volant ? Je me demandais précisément si on ne s’était pas fait avoir, sur ce coup-là…

– Chut ! l’interrompt Alpha. Nous surveillons une tractation hautement stratégique.

– Les professeurs Phi, Mu, Omicron et Neta viennent d’entrer dans le bureau du directeur Lambda, commente Bêta, les yeux toujours vissés à ses jumelles. Les choses sérieuses vont commencer !

– Lambda a embauché un barista pour tenir un bar à K-fé dans le parc, explique Alpha. Et ces quatre professeurs ont fait de son emplacement exact un enjeu pour démontrer leur pouvoir… En bref, ils souhaitent chacun que le bar soit le plus proche possible du bâtiment où ils donnent leurs cours.

– Mais le directeur exige que l’emplacement soit choisi d’une façon équitable, ajoute Bêta, et Epsilon remarque alors les écouteurs enfoncés dans ses oreilles, qui doivent lui transmettre via les jumelles, et leur application de lecture labiale intégrée, le contenu de la conversation qui se déroule en ce moment-même dans le bureau de Lambda.

– Neta propose d’utiliser la technique du barycentre, poursuit le jeune homme. Lambda a projeté un plan quadrillé de la zone sur un mur et ils sont tous en train de le regarder pour visualiser l’emplacement. Lambda a l’air d’être plutôt satisfait de la proposition de Neta, mais les autres font la tête.

– Sans doute parce que cette idée d’isobarycentre fait des bureaux de Neta les plus proches du barista, commente Epsilon.

– Mu suggère de prendre en compte la consommation quotidienne de K-fé de chaque professeur, dit alors Bêta. Tu m’étonnes… Mu boit douze K-fés par jour, Neta, cinq, Phi, trois et Omicron seulement un.

– Un barycentre pondéré avec ces valeurs doit sûrement arranger Mu.

— Phi prend la parole à présent. Il demande qu’on considère plutôt le nombre d’étudiants inscrits au cours de chaque professeur. Selon lui, cela mesure leur mérite respectif… Omicron en a 100, Phi, 80, Neta, 40 et Mu, 30.

– Phi est un malin…

– Oui, mais Lambda semble trancher en faveur de la prise en compte des deux critères : le nombre d’étudiants et la consommation de K-fé, à part égale… Et Phi a recommencé à faire la tête… »

 

Que fait Phi au K-fé ?

 

Epsilon réfléchit un instant. « Je me demande s’il pourrait faire de nouveau pencher la balance en sa faveur en augmentant sa consommation de K-fé » s’interroge-t-elle.

 

 

Et vous, cher lecteur, sauriez-vous placer sur ce plan quadrillé les emplacements (au carreau près) voulus par les professeurs Neta, Mu et Phi, puis par le directeur
Lambda ? De combien Phi devrait-il augmenter sa consommation de K-fé dans ce dernier cas pour que son bureau (case B) soit plus proche du barista que ceux de ses collègues ?

 

 

SOLUTION