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Pas contents !

Kylie Ravera




L’Institut intergalactique est le temple de l’excellence, où exerce le redouté professeur Phi. Ce dernier incite ses élèves à mettre la main à la pâte, afin qu’ils aient l’occasion d’utiliser leurs connaissances de manière pratique.

Forts de leurs bonnes relations avec la Pâtisserie d’À Côté, Alpha et Bêta ont décidé de retourner y travailler. Leur camarade Epsilon leur rend visite, espérant secrètement pouvoir goûter aux délicieux gâteaux ronds qui font la renommée de l’établissement, mais elle trouve ses abords marqués par une singulière agitation. Tout le personnel semble s’être retrouvé à l’extérieur et le brouhaha ambiant ainsi que les pancartes agitées concourent à indiquer qu’ils ne sont pas contents. La jeune fille finit par aviser Alpha et Bêta, qui se tiennent à l’écart, apparemment indécis.

« Que se passe-t-il ? leur demande-t-elle.

‒ Les employés font grève, annonce Alpha. Pour une question d’âge de départ à la retraite. »

Bêta apporte quelques précisions : « Selon les dernières directives du Gouvernement intergalactique, l’âge de départ à la retraite des employés de catégorie A passe de 70 à 72 ans et celui des catégories B de 80 à 82 ans. Forcément, ça coince… Et puis le patron a mis le feu aux poudres. Il a affirmé qu’entre cette année et l’année prochaine où le nouveau barème entrera en vigueur, l’âge moyen de départ à la retraite des employés de la Pâtisserie passera de 75 à 74,5 ans, sans que le nombre d’employés total ne change, donc qu’il n’y a aucune raison de manifester…

‒ Hmm, commente Epsilon, le patron semble oublier un détail important concernant l’évolution de son staff. Ce qu’il dit est certainement vrai, mais la conclusion est malhonnête. »

Cher lecteur, voyez-vous pourquoi ? Sachant qu’il y a aujourd’hui dix employés de catégorie A, que pouvez-vous dire de la structure de l’entreprise dans un an ?

 

 

Égalité salariale et d’accès aux soins

 

« L’âge de départ à la retraite n’est pas le seul motif d’insatisfaction, ajoute Bêta. Beaucoup des employés de la Pâtisserie viennent des planètes Dimpô et Dechârge. Sur chacune, le même champignon s’est développé et menace la vie des habitants. On peut le retrouver suffisamment tôt dans leur sang pour appliquer un traitement qui permettra de l’éradiquer, mais ce traitement est lourd et même représente un danger s’il est utilisé sur quelqu’un qui n’est pas infecté. Le problème, c’est qu’il a été décidé que seuls les employés venant de Dimpô pourraient en bénéficier si leur test était positif et que ceux originaires de Dechârge n’y auraient pas droit.

‒ Le test est quand même fiable à 99 %, renchérit Alpha. Ce qui signifie que pour cent personnes infectées, le test sera positif pour quatre-vingt-dix-neuf d’entre elles. Et que pour cent personnes saines, il ne sera positif, donc faux, que pour l’une d’entre elles. Cette différence de traitement est incompréhensible, pas étonnant que les Dimpôsés et les Dechârgés s’unissent pour réclamer un accès égal aux soins !

‒ Hmm, répète encore une fois Epsilon, pour le coup, c’est vous qui oubliez une donnée importante qui pourrait justifier ce choix d’un traitement différent en fonction de la planète d’origine. Pour chaque population, il faudrait calculer la probabilité d’être malade si le test est positif. Vous pourriez être surpris par les résultats… »

Cher lecteur, sauriez-vous dire quelle est la donnée manquante pour prendre une décision éclairée sur l’utilité du test ? Et sauriez-vous donner un exemple chiffré qui motiverait la décision de ne tester que les Dimpôsés et non les Dechârgés ?

 

 

SOLUTION