Un peu d'étymologie pour élever le débat


Bertrand Hauchecorne

Les mots conditionnent notre façon de penser. Découvrons l'influence linguistique de la troisième dimension.

De la profondeur de l’être

 

La troisième dimension correspond pour nous à la verticalité, les deux premières définissant le plan, que l’on considère horizontal. Cela a des répercussions dans le langage courant, où les références à la verticalité sont valorisantes. On parle ainsi de la « profondeur de la pensée », comme disait le théologien protestant Paul Tillich : « Les mots “profond” et “profondeur” s’emploient dans la vie quotidienne, en poésie, en philosophie, dans la Bible, et dans beaucoup d’autres documents religieux, pour désigner une attitude spirituelle, bien que ces mots eux-mêmes soient empruntés à l’expérience de l’espace. »

Inversement, il s’avère péjoratif de dire qu’un propos est « plat », « sans relief », d’affirmer que quelqu’un n’énonce que des « platitudes ». De même, on qualifie une personne de « superficielle » alors qu’on « met en relief » une pensée, on « creuse » une idée, on « élève » le débat, on « prend de la hauteur » : c’est dans la verticalité que l’on donne du sens à un propos.

 

Raisonnement et verticalité

 

Pour poser une addition, les élèves apprennent qu’on met « en haut » les deux nombres à additionner et « en-dessous » le résultat. Les Romains faisaient l’inverse, et l’on parle encore de « somme », terme venant du latin summum, qui signifiait « sommet ».

Dans notre imaginaire, le raisonnement se conçoit dans ... Lire la suite gratuitement