De nouveaux nombres avec Richard Dedekind


Marc Thierry

Parmi les nombres réels, on trouve les rationnels, c’est-à-dire les quotients de deux entiers, et les irrationnels, dont √2 et π sont deux exemples bien connus. Cela permet de classer les réels. Mais une autre classification est possible en caractérisant des nombres dits algébriques.

C’est en cherchant à comprendre la nature du nombre π que Heinrich Lambert démontre en 1767 qu’il est irrationnel (voir article « Un nombre qui dépasse la raison »). Mais π a-t-il une autre particularité ?

À cette même époque, on se pose aussi le problème des constructions à la règle et au compas, en particulier celui de la quadrature du cercle : comment construire avec ces outils un carré de même aire qu’un disque donné ?

En 1837, Pierre-Laurent Wantzel caractérise les équations dont sont solutions les nombres ainsi constructibles (voir article « Quand l'algèbre rencontre la géométrie »). Plus généralement, π serait-il solution d’une équation polynomiale à coefficients entiers ? On conjecture que non, mais il faut attendre 1882 pour que Ferdinand von Lindemann le démontre (voir article « Un nombre qui dépasse la raison »). En attendant, l’étude de ces nombres solutions d’équations polynomiales s’est développée et Richard Dedekind la formalisera dans les années 1870.

 

Julius Wilhelm Richard Dedekind (1831‒1916).

 

Des nombres solutions d’une équation

Un nombre u est algébrique s’il est solution d’une équation polynomiale à coefficients entiers ; sinon, il est transcendant (voir article Lire la suite