Pour la nouvelle génération d'architectes, dits computationnels, conception et fabrication font partie d'une même chaîne numérique. Architecture, ingénierie et sciences des matériaux convergent et offrent une réinterprétation de la géométrie, définie à partir de nouveaux modèles, processus et paramètres, notamment au travers d'une mathématisation de l'espace. Organique et géométrique s'interpénètrent et s'ouvrent à la complexité.
Morphogenèse et complexité
Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, l'architecture s'ouvre peu à peu à la théorie de la complexité, paradigme né de la rencontre entre les sciences de la vie et celles de l'information. Cette approche envisage toute forme comme le résultat d'interactions entre les éléments qui la composent à différents niveaux d'organisation. Très sensible aux théories du biologiste François Jacob, l'architecte Jean Renaudie (1925-1981) expérimentait par le dessin des combinaisons de formes géométriques qui devenaient ensuite un ensemble à la fois architectural et urbain, et dont la variété des configurations répondait à la diversité humaine (gorges de Cabriès, Vitrolles, 1974-1975).
Cette approche de l'objet, tant mobilier qu'architectural ou urbain, engage certains architectes et ingénieurs dans l'étude des principes de morphogenèse naturelle, c'est-à-dire des processus d'émergence des formes de la nature. La diversité des formes naturelles est envisagée comme le résultat ...
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