Les termes « paradoxe » et « paradoxal » font partie du langage courant. En mathématiques et en logique, ces mots ont un sens précis qu’il est utile de clarifier pour savoir de quoi on parle et quel statut attribuer à des résultats dits « paradoxaux ».

Dans Les voies du paradoxe, le logicien Willard Van Orman Quine (1908 – 2000) fait la distinction entre deux types de « paradoxes » à l’aide de deux exemples. Le premier est illustré par le cas littéraire de Frédéric, héros de l’opérette Les pirates de Penzance d’Arthur Sullivan, qui a atteint l’âge de 21 ans alors qu’il n’a fêté que cinq anniversaires. Comment expliquer une telle incohérence entre l’âge et le nombre d’anniversaires ? Ici, le paradoxe est dû au fait qu’on associe généralement le nombre d’années vécues au nombre d’années où l’on a fêté un anniversaire, chose mise en défaut pour toute personne née un 29 février. 

 

Affiche des pirates de Penzance, Grand Théâtre, Leeds, 1881.

 

Le second exemple, repris par le logicien Bertrand Russell à partir d’une source qui ne nous est pas connue, est celui du barbier qui rase tous les hommes du village qui ne se rasent pas eux-mêmes et seulement ceux-là. Si le barbier ne se rase pas lui-même, alors, par hypothèse, il doit se raser, mais s’il se rase, alors, par hypothèse, on peut dire qu’il ne se rase pas lui-même. On aboutit à ... Lire la suite


références

Les voies du paradoxe et autres essais. Willard Van Orman Quine, 2011.
Epiménide le menteur. Alexandre Koyré, Hermann et Cie, 1947.
Le problème des antinomies et ses développements récents. Abraham A. Fraenkel et Yehoshua Bar-Hillel, Revue de Métaphysique et de Morale, vol. 46, 1939.