Allais et les limites de l’utilitarisme


Antoine Houlou-Garcia

Le paradoxe énoncé par l’économiste français Maurice Allais pointe une contradiction dans une théorie de la décision élaborée précédemment. Mais il n’est qu’apparent et illustre surtout une limite importante de la théorie du choix rationnel.

En 1944, John von Neumann (1903 -1957) et Oskar Morgenstern (1902 -1977) proposent une axiomatisation de la théorie dite « de l’utilité espérée » qui donne une règle de décision pour faire des choix dans une situation à risque : une personne rationnelle doit toujours choisir la situation qui a la plus grande utilité, c’est-à-dire la plus grande espérance mathématique. 

Or, en 1953, Maurice Allais met au point une expérience qui semble mettre à mal cette axiomatisation : les participants font le contraire de ce que concluent les calculs de von Neumann et Morgenstern. 

 

Maurice Allais et le souci de la réalité

Né en 1911 dans un milieu modeste, Maurice Allais sort major de l’École polytechnique en 1933. Après un voyage aux États-Unis, il observe la misère due à la crise de 1929 et est marqué par l’incompréhension de l’élite intellectuelle face à ce phénomène. De là naît sa volonté de toujours rattacher la théorie au réel, à l’instar de son « paradoxe » ici étudié. Génial touche-à-tout, il mène des travaux de premier plan en physique et en économie. En 1988, il est le deuxième Français à recevoir le prix Nobel d’économie, cinq ans après son élève Gérard Debreu.

 

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références


Le comportement de l’homme rationnel devant le risque : critique des postulats et axiomes 
de l’école américaine. Maurice Allais, Econometrica, vol. 21, no 4, 1953. Disponible en ligne.

Le paradoxe d’Allais : une notoriété aussi universelle que justifiée. Éric Barthalon, Bulletin de la SABIX, vol. 66, 2020.

Un paradoxe dans le paradoxe d’Allais ? Léo Gerville-Réache, HAL archives ouvertes, 
2017 (hal-01487618).