Jeanne Calment et… les mathématiques


Bertrand Hauchecorne

La Française Jeanne Calment, décédée en 1997 à l'âge exceptionnel de 122 ans, est longtemps restée la doyenne de l'humanité. En janvier, Nicolaï Zak, un mathématicien russe qui s'intéresse aussi aux questions de généalogie, et le gérontologue Valeri Novosselov, ont prétendu que Jeanne serait en fait décédée depuis 1934 et aurait été « remplacée » par sa fille Yvonne… pour une histoire de droits de succession.

Un de leurs arguments s’appuie sur une estimation statistique portant à une chance sur dix millions qu’un centenaire atteigne l’âge incroyable de Jeanne Calment.

En septembre, une équipe internationale de scientifiques a contré un à un les arguments des polémistes russes. Outre les arguments historiques et épidémiologiques, l’équipe de Jean-Marie Robine revient avec finesse sur le traitement mathématique de la question et souligne la distinction nécessaire entre une probabilité extrêmement faible et une impossibilité statistique. Il est notamment signalé que l’humanité a accumulé huit à dix millions de centenaires depuis les années 1700, ce qui rend toute relative la probabilité avancée. Les auteurs annoncent même qu’il ne serait pas improbable de découvrir une autre personne aussi âgée d’ici la fin du siècle.

Du vivant de Jeanne Calment, d’autres tests avaient été effectués. On lui avait notamment posé des questions sur des éléments de sa vie dont elle seule pouvait vraisemblablement se souvenir (et non sa fille), comme le nom de ses professeurs de mathématiques !