L'Atomium : un monument emblématique
L'Exposition universelle de Bruxelles, « l'Expo 58 », s'est tenue du 17 avril au 19 octobre 1958 sur le plateau du Heysel ; elle suscita une explosion de créations architecturales aux contenus mathématiques divers.
L'Atomium, édifice surréaliste, oscillant entre la sculpture monumentale et l'architecture d'avant-garde, reprend la structure cubique d'un cristal de fer agrandie 165 milliards de fois. L'ambition de son créateur était de représenter le presque infiniment petit en presque infiniment grand. Culminant à 102 mètres, cette réalisation extravagante est née de l'imagination de l'ingénieur belge André Waterkeyn, directeur à Fabrimétal, qui décrivit son projet comme suit : « Je me suis demandé ce qui caractérisait notre époque. J'ai pensé à l'énergie nucléaire, à l'atome. Et comme je travaillais dans l'industrie de l'acier, j'ai imaginé un cristal de fer géant. Aucune architecture dans le monde ne ressemblait de près ni de loin à ce projet de construction. » La structure cubique de l'édifice, dressée sur l'un de ses sommets, est en fait constituée de sphères (sommets) de 18 mètres de diamètre et de cylindres (arrêtes) contenant ascenseurs et escaliers. Le monument ne devait subsister que le temps de l'Expo, mais il devint rapidement emblématique de la capitale de l'Europe.
Le bâtiment Philips : maths et création musicale
Le pavillon Philips de l'Exposition universelle de Bruxelles fut commandité par l'industriel Philips à l'architecte Le Corbusier. Ce dernier confia sa réalisation à l'un de ses collaborateurs, l'ingénieur Iannis Xenakis, qui assistait le maître depuis 1947 et qui était en fait bien meilleur mathématicien que lui, tout en étant également musicien. Xenakis vit là l'opportunité de concrétiser son deuxième projet électro-acoustique (après Diamorphose, réalisé en 1957) : il proposa un objet musical de deux minutes quarante-cinq secondes destiné à être projetée le long de formes paraboloïdes hyperboliques qui allaient constituer l'architecture du pavillon. Comme l'ingénieur-compositeur le précise lui-même : « Les paraboloïdes hyperboliques travaillent en traction et en compression pour faire émerger une polyphonie tridimensionnelle à l'aune de la création musicale contemporaine. » L'œuvre porte le nom singulier de Concret PH, soulignant ainsi le lien formel existant entre la pièce musicale et les Paraboloïdes Hyperboliques constituant les parois du Pavillon, tout en rendant hommage au sponsor mécène Philips. Ce pavillon fut, hélas, démonté à la fin de l'exposition.
La tour Eternit : la spirale de la mort !
Eternit est le nom du brevet sur le procédé de fabrication de l'amiante-ciment déposé par l'Autrichien Ludwig Hatschek en 1900, qui vendit sa licence à diverses entreprises réunies dans un groupe franco-belge sous la même appellation. Le matériau, contenant de l'amiante (ou asbeste), aujourd'hui identifié comme fortement cancérigène, fut utilisé massivement pour la fabrication de matériaux de construction et est responsable aujourd'hui encore, annuellement, d'environ cent mille victimes dans le monde. Son utilisation est à présent interdite.
Ces préoccupations n'étaient pas encore de mise en 1958 et la firme franco-belge se signala lors de l'exposition par la construction d'une tour constituée d'une succession de tuyaux en amiante-ciment de diamètres dégressifs, s'élevant vers le ciel sous la forme d'une rampe hélicoïdale. L'ensemble, dont l'aspect ascensionnel était accentué le soir, au moyen d'un système d'éclairage mouvant, était d'une hauteur de 50 mètres, et comprenait plus de mille languettes en fibrociment. Elle fut l'œuvre de l'architecte carolorégien Victor Bourgeois, l'un des principaux animateurs du Mouvement moderne international en Belgique.